Test : Forbidden Siren - PS2

Forbidden Siren - PS2
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À mille lieues de « La petite sirène » de Disney, Sony nous propose Forbidden Siren (attention à l’orthographe !), dans un genre radicalement différent du dessin animé américain. Malgré l’abondance des survival/horror sur console, Sony tente de se démarquer dans un jeu pourtant voué à la répétititivité. Or, même si le contrat n’est pas clairement rempli, l’éditeur nippon atteint un des ses objectifs fixés : se démarquer des autres productions.
Les jeux d’horreur sont courants, certes, mais au sein de cette catégorie, plusieurs divergences sont à noter : les jeux d’horreur plus tournée vers l’action, comme la saga des Resident Evil, ou les jeux plus orienté vers l’aventure, l’horreur à l’état pur, la surprise totale, tels les Silent Hill ou encore Alone in the Dark. Autant faire tout de suite le point, Forbidden Siren trouve sa place dans la deuxième catégorie, privilégiant ainsi le suspense à l’action « bourrine ». Les développeurs, conscients de la naturelle répétitivité de ces softs, ont tenté de s’écarter de la traditionnelle image des jeux d’horreur (fuite perpétuelle) en incorporant à leur bambin toutes sortes de nouveautés qui ne vont pas sans nous déplaire.

Une histoire à l'image de l'archipel nippon

L’intrigue du jeu vous place dans la peau d’un mystérieux groupe de gens, dans un nombre très peu rassurant de dix environ. On prend place dans un univers oppressant, à savoir un petit village coupé du monde dans un Japon apparemment bien brumeux. Le groupe ne peut évidemment compter seulement sur lui-même pour survivre dans cette jungle sous le joug d’une menace d’outre-tombe qui a le don de faire surface à chaque instant. Les personnages contrôlés vont de l’étudiant simple (qu’est-ce qu’il fait dans ce gourbis ?) au curé du village ( !) en passant par un traditionnel vieux croûton dont la seule qualité est de manier le fusil mieux que personne dans les survivants. On regrette le manque de personnes charismatiques, à la Chris Redfield ou Jill Valentine. Les personnages sont trop « classiques ». Peut-être que certains aiment, mais question attachement, c’est pas trop ça. L’histoire est décomposée en chapitres, dix au total. Mais les développeurs ont eu la désagréable idée de nous les proposer en désordre (d’une utilité qui reste à démontrer). Ces chapitres, d’environ une heure chacun, vous font contrôler un personnage différent, dans des temps relativement éloignés. Ainsi, la répétitivité ne se fait pas sentir, en conséquence de la variabilité des capacités, des armes et des situations, mais on distingue une durée de vie un peu mollassonne (dix heures environ). Enfin, en même temps, on ne peut pas fièrement le reprocher, puisque c’est le défaut qui revient à longueur de temps dans les survival/horror.

Les nouveautés

Outre l’obligation de prendre place dans un dizaine de personnages différents, ce qui constitue en soi une belle nouveauté, Forbidden Siren peut se vanter d’apporter d’autres originalités. Il y a tout d’abord LA nouveauté, qui semble être une petite révolution : au cours de votre périple, vous avez la possibilité de vous introduire dans vos ennemis. Cette capacité d’une autre dimension confère au joueur une totale maîtrise sur ses adversaires, comme les morts-vivants puisqu’un sentiment d’anticipation fort agréable vous envahit. L’autre ajout, qui n’est pas en soi une nouveauté, c’est l’action en elle-même. Entre les combats (très rares) à l’arme et les fuites quelques fois inévitables, l’aventure est soutenue et l’on ne s’ennuie jamais.
Hélas, un défaut, très récurrent, obscurcit cette qualité : la maniabilité, tout simplement d’une autre dimension. En fait, elle est semblable à celle de Silent Hill, c’est-à-dire que c’est plus elle qui nous fait ressentir la peur qu’autre : on craint plus de ne pas trouver la direction à temps pour éviter les monstres et s’enfuir que les monstres en eux-mêmes. C’est dommage de ternir ainsi les qualités dont recèle le soft.

Réalisation ?

Contrairement à Resident Evil, le joueur évolue dans des endroits sombres, accompagnés de brouillard, sans réel infrastructure ou bâtiment. Ainsi, on regrette la constance des niveaux visités. Le brouillard permanent, alourdissant l’ambiance, cache des paysages vides. Cependant, les graphismes sont une des satisfactions du titre puisqu’ils sont détaillés, les monstres sont correctement faits et aucun bug n’est à reprocher. On peut cependant conspuer Sony pour ne pas avoir offert de magnifiques graphismes, proches d’un Silent Hill parce que, malgré une certaine beauté, on a vu largement mieux sur cette machine. La bande-son, soutenue, maintient le joueur en haleine jusqu’à la fin, multipliant les bruits suspects, les cris gores de femmes qu’on trucide ou l’arrivée des monstres. C’est parfaitement orchestré, et on a du mal à rester indifférent face à des cris d’une plausibilité rare.
Ainsi, sans atteindre le hit des jeux d’horreur, Forbidden Siren s’en sort plus qu’honorablement. Alternant combats et fuites, l’action est omniprésente, tout comme la menace pesante qui s’empare du joueur : on a peur, on frémit, mais on est pas aidé, à cause d’une maniabilité qui aurait gagné en ergonomie. Les graphismes réhaussent le niveau, tout comme la bande-son digne de Resident Evil. Et même si Forbidden Siren n’a pas la prétention de détrôner les piliers du genre, il peut se targuer de proposer des grosses nouveautés : le contrôle d’une dizaine de personnes, et la capacité à pénétrer dans l’ennemi. Avec le gros potentiel que nous offre ce jeu, il mérite sa place dans la logithèque des fans d’horreur ; il les comblera à coup sûr, quant aux autres, il ne les satisfera guère.
13 mai 2004 à 15h28

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Points positifs

  • Ambiance
  • Bande son (effrayante)
  • Nouveautés

Points négatifs

  • Maniabilité
  • Durée de vie
  • Personnages peu attachants
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