Test : Metal Gear Solid 3 : Snake Eater - PS2

Metal Gear Solid 3 : Snake Eater - PS2
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Le principe de relativité selon saint-Hideo Kojima ; "Metal Gear Solid 3 Snake Eater" débarque sur PS2, et soudain, tous les jeux sortis entre le deuxième volet et celui-ci semblent n'avoir jamais existé. Oubliez les péripéties du grabataire Sam Fisher, laissez tomber les vols de sac à main à San Andreas, car l'agent secret le plus classe du monde est requis pour sauver le monde dans un opus placé sous le signe de la chlorophyle et de la zoophilie. Euh, ZOOLOGIE, pardon. Dissection en long, en large, et en travers d'un chef d'oeuvre vidéo-ludique. A grands coups de superlatifs dans ta face.
Première surprise : l'histoire prend place en 1963, peu après la crise des missiles de Cuba et en pleine course spatiale entre les états-unis et l'union soviétique. La guerre froide, terrible et chargée de promesses de cataclysmes nucléaires. C'est pourquoi on s'étonne de retrouver un Snake (ni solid, ni liquid, ni acid, ni gelée de groseille, mais juste Snake) aussi jeune que dans les deux précédents volets, qui se déroulaient de nos jours. Ah, je vois à l'étincelle de vie inhabituelle dans votre regard que j'ai réussi à capter votre attention.

Snake Plissken et James Bond sont dans un bateau...

Après un long prologue semblable aux cinq minutes d'action qui introduisent n'importe quel film de James Bond, un générique interprété par une voix féminine, dans la plus pure lignée de ceux de l'agent 007, vous cueille et vous berce. Un hommage évident à l'oeuvre de Ian Flemming, dont l'influence sur Hideo Kojima ne se démentira pas tout au long du jeu. Mais en matière de narration, le bougre n'a plus de leçons à recevoir. Le scénario regorge de petits détails accrocheurs qui poussent sans cesse le joueur à progresser malgré toute l'adversité. Ce jeune blanc-bec qui jongle avec trois revolvers avec une facilité surnaturelle ne vous est il pas inconnu ? Quelle est cette arme révolutionnaire sur laquelle travaillait le scientifique que Snake est chargé de récupérer ? Quel est le but des Cobras, ces guerriers aux pouvoirs effrayants et dont les noms symbolisent les sentiments qui traversent le combattant sur le champ de bataille ? Quelle est la relation entre Snake et cette femme qui se fait appeller The Boss ? Quelle est cette bosse dans mon slip ? Oups, je m'égare.
Les cinématiques, toujours en temps-réel, atteignent désormais une rare perfection dans l'art de la motion-capture. Les bugs y sont tout simplement absents. Ce sera toujours par le biais de ces fastueuses cinématiques que l'on découvrira des personnages hauts en couleurs, méchants pathibulaires et femmes fatales. Plus que jamais dans la saga, on a enfin l'impression de voir évoluer des acteurs et pas des tas de polygones plus ou moins bien animés. La mise en scène n'a alors rien à envier aux plus grands films du genre, ce qui me fait dire que Kojima est mûr pour passer le pas de la réalisation sur grand écran.
De temps en temps, il est possible d'appuyer sur le bouton R1 pour visualiser la scène d'un autre angle. Mieux vaut ne pas s'en priver, tant une généreuse poitrine peut se révéler infiniment plus cinégénique vue d'en haut, et qu'une séance de torture est plus instructive appréhendée de façon subjective. Revers de la médaille, on a plus parfois l'impression de regarder un film interactif que jouer à un jeu vidéo, ce qui serait exact si les phases de jeu n'étaient pas aussi captivantes.

Nos z'amis les z'animooooos !!

Les aficionados de la série seront moyennement déstabilisés par Snake Eater (oui je sais , je ne me mouille pas trop). Ils retrouveront bien vite certains mécanismes de jeu tandis qu'ils devront en intégrer de nouveaux. Comme vous le savez probablement, l'essentiel de l'action a lieu dans la jungle. La jungle russe... Oui, ça vous la coupe aussi, pas vrai, d'apprendre que la mère-patrie abrite une jungle façon Tarzan ? Bien, vous vous coucherez moins cons que la veille mais plus que demain.
Qui dit jungle dit faune hostile, et de nombreuses espèces de bêbêtes à plumes, à écailles ou à poils (non, pas de strip-teaseuses, désolé) y pullulent. Ca va du serpent à l'alligator, en passant par le crabe et le vautour. Au total environ 25 espèces différentes sont présentes. Si une minorité se montre dangereuse pour Snake, toutes en revanche se révèleront indispensables à Snake, qui doit s'alimenter périodiquement. En effet, une jauge d'endurance fait son apparition. Un niveau trop bas affectera les performances du gars Snake ; visée tremblotante, course ralentie... et estomac qui implore. Ingurgiter les produits de sa chasse ou de sa cueillette sera le seul moyen de recouvrer un niveau d'endurance décent. A condition de ne pas manger quelque chose d'empoisonné. Auquel cas, c'est le drame et l'effet contraire à celui recherché. Pour s'épargner la chiasse du siècle, Snake devra se soigner avec ce qu'il a sous la main.

On fait NFS, chimie, iono !

Comme le dirait à juste titre Nicolas Hulot, "la nature regorge de trésors insoupçonnés". Dans Metal Gear Solid 3, les plantes fournissent médicaments, désinfectants, pommades, serums, nécessaires à la guérison des blessures par balles, brûlures, empoisonnements, os fracturés, etc. Tout ça n'est pas de trop, vu que Snake va salement morfler dans cet épisode.
En appuyant sur Start, on a accès à l'écran où l'on peut gérer son équipement, changer de tenue de camouflage, se nourrir, et se soigner. Les blessures de Snake sont visibles sur son corps et devront être soignées au plus vite, sinon la jauge de vie, qui remonte lentement en temps normal, restera désespérément statique. On ne soigne pas une blessure par balle, comme une jambe en vrac. Pour une blessure par balle, par exemple, il faut extraire la boulette avec son couteau (de façon contextuelle simplement), désinfecter, suturer à la sauvage comme Rambo, et appliquer un bandage. Pour décoller les sangsues, qui pompent la jauge de stamina un coup de cigare suffira (tout ça m'évoque Monica Lewinski, pourquoi diable ?). Une approche très réaliste et inédite de la survie en milieu hostile, certes, mais un poil fastidieuse tout de même quand on se retrouve truffé de plomb tous les dix mètres.

L'homme invisible

Manuel du parfait petit agent secret, page 5 : "un bon espion doit être furtif". Et quoi de plus utile pour la furtivité qu'un bon camouflage ? Quand vous allez chez Leader Price, vous vous sapez en smoking, vous ? Soigneusement planquées un peu partout, des tenues de camouflage (habits ou peintures de visage) sont récupérables. Chacune d'elle sera plus ou moins efficace selon l'environnement. Quelques unes sont même plutôt... fantaisistes.
Mais Snake n'est pas le seul à savoir jouer du camouflage. Les mercenaires ont en effet utilisés la végétation luxuriante pour dissimuler des pièges mortels de toutes sortes, tels des mines claymore, des trous bardés de pics, etc. La vue subjective sera fortement sollicitée pour les repérer.
Parmi les changements les plus importants apparus dans Snake Eater, on peut noter la disparition pure et simple de la carte sur laquelle on voyait les ennemis faire leur ronde. A la place, Snake dispose de gadgets tels qu'un sonar repérant les animaux, un detecteur d'objets en mouvements, et surtout d'un detecteur anti-personnel qui bippe à mesure qu'un ennemi se rapproche. Des lunettes de vision nocturne, les fameuses boîtes en carton, des lunettes thermiques, ainsi qu'un silencieux ajustable sur le .45 et le pistolet tranquilisant, complètent son attirail de fourbe infiltré.

Metal Gear Steven Seagal

Hideo Kokima semble s'être tapé un méchant trip après avoir vu les films de l'immense Steven Seagal, l'homme qui casse des bras comme moi des baguettes chinoises. Snake hérite sensiblement de la même technique redoutable, le close-quarter-combat ou CQC pour les intimes. A part lors des démonstrations époustouflantes lors des scènes cinématiques, Snake peut s'en servir en cours de jeu, à condition de ne pas porter d'arme qui recquiert ses deux mains. On peut par exemple choper un garde et s'en servir comme d'un bouclier, ou bien lui placer une clé qui va le laisser KO, ou encore le faire tournoyer et l'égorger avec son opinel dans une grande giclure d'hémoglobine. Idéal pour repeindre les murs.

Ca vaut bien un Rembrandt

Visuellement, Snake Eater en impose. La jungle silencieuse semble vivre sa propre vie. Le souffle du vent charrie des feuilles, les animaux se meuvent avec indifférence, l'eau a l'air si fraîche et vive qu'on a envie d'y piquer une tête. Tout ça sent la parfaite maitrise de la PS2. Les programmeurs l'ont poussée dans ses derniers retranchements, même si il n'est pas rare de voir des baisses de frame-rate ternir un si beau tableau. Il est tout aussi dommage que la maniabilité un poil pénible de Snake n'ait pas été revue à la hausse. L'animation du personnage n'est pas non plus trés fluide, loin par exemple de celle d'un Prince Of Persia 2. Mais qu'importe ces menus défauts qui n'altèrent en rien l'orgasme permanent qui vous assaille quand vous jouez Metal Gear Solid 3.

La patte d'un auteur

Comme dans tout Metal Gear qui se respecte, Snake devra affronter des gaillards surpuissants à intervalles réguliers. Certains, comme The Sorrow, où Snake fait face à TOUS CEUX qu'il a tués jusque là, sont des passages d'anthologie, de ces purs moments de bonheur qui vous marquent un joueur au fer rouge. Impossible de clore ce test sans parler du mode Snake Vs Monkey, disponible dès le départ dans le menu principal. Il s'agit d'un mode à l'humour décalé, où Snake se verra confier la tâche pas très reluisante de capturer des singes avec d'étranges gyrophares sur la tête. Il s'agit d'ailleurs des singes du jeu de sony, Ape Escape, empruntés pour l'occasion. Ce mode vous permettra de décontracter du gland entre deux parties.
C'est par une pléthore d'inventions comme celles-là et de détails scénaristiques que Kojima renforce son statut d'auteur du jeu vidéo, car même si Metal Gear Solid 3 Snake Eater est avant tout un blockbuster grand spectacle hallucinant, c'est également une oeuvre intelligente et profonde qui donne à réfléchir. Preuve, si il en fallait une, que monsieur Kojima a tout compris des possibilités de son art-media.
Sans surprise, Metal Gear Solid 3 Snake Eater est bel et bien une expérience unique, qui se regarde presque autant qu'il se joue. Un nouveau jalon vient d'être posé. Rares sont les jeux qui peuvent se targuer d'être l'oeuvre d'une vraie vision d'auteur.
02 mars 2005 à 23h00

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Points positifs

  • Vous n'avez pas lu le test ?

Points négatifs

  • Maniabilité parfois pénible
  • Impression latente de jouer un film interactif
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